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Le journal de Magel !
23 mars 2008

Parrain

Je publie ce post à la date où je l'avais écrit sans le publier... mais nous sommes vendredi 12 septembre 2008 minuit passé, et notre petit grand-père n'est plus de ce monde! Il s'est éteint pour toujours le 26 juillet de cette année. En lisant ce post, mes larmes coulent, je revis toute cette journée, et je pense que c'est l'un de nos derniers repas de famille avec lui! Je le savais déjà ce jour là... mais cela n'avait pas été le dernier, juste l'un des derniers pour moi la faute à mes déplacements pro!

... Aussi, je ne dis pas que nous sommes les témoins de la fin de vie d’une être cher et bien aimé de ma famille, de moi, et cela depuis deux mois et demi après une chute sur le trottoir dans sa rue, un matin pluvieux. Je ne dis pas non plus que c’est pour cela que le Blog passe un peu en arrière plan, ces dernières semaines. Nous en souffrons tous beaucoup, c’est dur. Il s’éteint doucement, inexorablement, à 89 ans, d’un mal qui le ronge et dont lui ne sait rien,... quelques semaines encore nous a dit le spécialiste... Ses forces le quittent malgré sa volonté, il rejette pratiquement tout ce qu’il mange, il est devenu totalement dépendant et incontinent, marchant tout tremblant avec un déambulateur, maigre à faire peur. Le plus dur pour lui, c’est d’être conscient de tout ça, son incontinence, sa perte complète d’autonomie en quelques semaines. Il ne peut plus manger tout seul, ou rester tout seul… Apparemment il ne souffre pas encore physiquement, ayant un petit traitement à la cortisone qui devait lui ouvrir l’appétit, et qui a bien fonctionné la semaine dernière…

Dimanche malgré tous les obstacles liés à son état, on a pu le mettre à table avec nous, une table de 14 personnes, et sans rien trop manger, même si ce repas de Pâques il en avait fait le menu à Maman: un repas où le gigot d’agneau et les flageolets tenaient les rôles principaux. Avec la bassine près de lui, au cas où, … il était là où il souhaitait tellement être pour le dimanche de Pâques... Mon frère et ma petite sœur étaient allés chez lui vers 10h00 pour le ramener chez nos parents après le deuxième passage journalier de l’infirmière à son domicile. Pour faire comme avant, un repas de famille bimensuel, comme il y a trois mois encore, avant son accident, les examens à l’hôpital et la découverte de son mal irrémédiable. En famille, tous réunis, il était heureux, entre ses quatre petits enfants, près de ses arrières petits-enfants, ses proches… son bonheur à lui nous donnait de la joie, malgré nos envies de pleurer par moment, et nos larmes fugaces qui obstinément semblaient vouloir jouer avec nos sourires tout en restant silencieuses et presque invisibles.

Les arrières petits-enfants de 7 à 15 ans mangeaient entre eux à la cuisine, car la table était trop petite pour 20 personnes, mais leurs rires et le bruit qu’ils faisaient le ravissaient malgré sa fatigue; il a sommeillé deux heures sur le fauteuil, avant de reparler.

Nous avons pris des photos de la cueillette des œufs dans le jardin comme la tradition le veut chez nous: le petit dernier, il y croit encore, quant aux autres ils se régalent à ramasser ce que les fameuses clôches de Pâques* ont fait tomber dans le jardin en sonnant à midi, et ça reste un jeu et un plaisir pour les petits et les grands. (*Soit dit en passant, c’est charmant pour nous parents, le surnom de «clôches», lol !!)
On l’a installé sur un fauteuil avant la fin du repas, tout près de nous dans la salle à manger, l’observant chaque seconde, pour l’assister, lui porter secours, réalisant aussi à chaque seconde que ce serait certainement l’un des derniers repas avec lui, peut-être même le dernier.
Je pense à l’article sur la Cène de Pâques… un parallèle inconscient, une prémonition. Après avoir rangé la table, une autre séance photos a commencé: la «Pyramide de Pâques» avec les enfants, une autre tradition depuis 5/6 ans, tradition dont mon fils l’aîné des cousins est un peu l’instigateur paraît-il. Cela consiste à mettre devant le «"apin Bou"» (le sapin fut surnommé ainsi par mon fils un jour de vent, il avait alors 2/3 ans, et regardait dehors par la fenêtre de la cuisine: "le sapin bouge"), dans l’herbe les aînés des cousins sur la rangée du bas, les moyens sur le dos des premiers, et le dernier sur les deuxièmes sous l’œil amusé des parents, qui se prêtent au jeu à leur tour après, photographiés dans la joie et la bonne humeur par les enfants.
Cette année notre frangin était là en plus, mais contrairement à l’an passé où la journée était ensoleillée et chaude, nous sommes rentrés assez rapidement dedans pour nous réchauffer, en faisant une course de cheval, les dames sur le dos de leurs hommes, accompagnées par les rires et les cris des enfants qui courraient autour de nous.

Vers 15h30 nous avons transféré toutes les photos prises depuis le matin, sur l’ordi portable du mari de ma petite sœur, pour les montrer à notre grand-père toujours sur son fauteuil dans la salle à manger, car il ne peut plus se déplacer au bureau, où l’ordinateur de la maison se trouve, économisant ses forces pour remonter dans la voiture pour son retour chez lui. Ainsi défilait sous ses yeux les photos en diaporama de la cueillette des arrières petits enfants, celle du repas des enfants, les pyramides... Il regardait avec un grand plaisir toutes ces images. L’an dernier il suivait la cueillette à l’extérieur avec sa canne, lui aussi, il était sur les photos de la chasse aux œufs. Malgré les averses de pluies ou de neige, il y a eu quelques rayons de soleil dans cette journée froide et venteuse. Assez pour donner de belles couleurs à tous ces souvenirs numériques.

Une infirmière à la retraite dans le village, celle qui m’avait fait ma première prise de sang il y a longtemps, est venue généreusement faire sa toilette et le changer vers 16h00. Elle est extraordinaire cette femme, son nom se conjugue avec le verbe aimer, comme bon nombre d’infirmières d’ailleurs, si pleine de dévouement. Mes deux sœurs sont parties vers 17h00 pour le ramener chez lui car l’infirmière passait pour les soins du soir à son domicile vers 17h45.

Il en était encore rempli le lendemain de ce bonheur de Pâques mon grand-père, même s’il disait à ma sœur jeudi dernier, que vu comme il devenait, il pensait qu’il était foutu, il valait mieux qu’il y aille au cimetière rapidement. Lundi, il était épuisé mais heureux de la veille. Ma sœur cadette est partie pour le repas de midi chez lui. Il avait raconté son bonheur à l’aide ménagère arrivé en fin de matinée. Cette dernière avait gentiment attendu ma sœur pour s’en aller de chez lui. Nous souhaitons juste lui donner du bonheur et nous espérons du fond du cœur qu’il ne souffre pas, …surtout qu’il ne souffre pas. Maman est partie vers 16h00 prendre le relais de ma frangine.

Maman passe presque toutes ses journées avec lui à 35 km de chez elle, elle s’occupe de compléter ce que l’aide à domicile ne fait pas, de son coucher aussi et elle rentre le soir à 22h30 voire 23h00 chez elle à 72 ans. Une aide de l’AMFPAD vient tous les jours en fin de matinée au domicile de mon grand-père, sauf le samedi et le dimanche, pour le faire manger à midi, et une autre viendra le soir à partir de mardi 25 mars, appartenant à une autre association. Sa maison, c’est tout pour lui, il y a tous ses souvenirs avec ma grand-mère. Et pour réaliser vraiment tous ses désirs, on fait en sorte qu’il puisse rester chez lui. Et puis, on fait ce qu’on peut pour la soutenir, notre Maman, avec Papa qui gère la maison, nous ses enfants, notre tante de 82 ans la grande sœur de Papa, cependant nos activités professionnelles et familiales à nous les enfants, mettent des bâtons dans les roues à cette fragile organisation, la petite sœur à 3 heures de route près de Salon se sent impuissante. Comme je la comprends moi qui vivait près de Paris il y a quelques années… Et le «si on» résonne à nos esprits !

Mon grand-père c’est un gentil Monsieur, une personne extraordinaire, beaucoup encore s’inquiète de sa santé dans la ville où il vit, je crois même qu’aujourd’hui il en est le doyen, et que bon nombre des personnes qu’il côtoyait autrefois, ne sont plus de ce monde. Un jour je vous parlerais des 5 ans de guerre qu’il a passé prisonnier en Bavière, triste quand même de ne pas avoir commencé plus tôt car désormais, je n’aurais plus de témoignage de son passé… pour compléter ma maigre connaissance de son histoire de prisonnier.

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